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Approche de coaching en ergothérapie

DERNIÈREMENT, L’ORDRE A ÉTÉ QUESTIONNÉ PAR CERTAINS MEMBRES QUANT À LA POSSIBILITÉ D’UTILISER, DANS LE CADRE DE LA PRESTATION DE SERVICES EN ERGOTHÉRAPIE À UN INDIVIDU, UNE APPROCHE DE COACHING1,2 (EX. : OCCUPATIONAL PERFORMANCE COACHING3) DANS LE RESPECT DES NORMES ET DE LA RÉGLEMENTATION DE L’ORDRE.

De façon particulière, les préoccupations étaient à l’effet : 

  • d’effectuer les principales étapes de la démarche en ergothérapie (évaluation, analyse, interventions de coaching) en l’absence de la personne présentant un défi occupationnel, lorsque celle-ci est considérée comme dans la présente situation4 , le client ou la cliente;
  • d’utiliser ce type d’approche en tant qu’approche unique.

Ainsi, l’Ordre souhaite faire ressortir les principaux éléments normatifs et déontologiques favorisant la compréhension de certaines responsabilités professionnelles dans le contexte des préoccupations précitées en rappelant que l’approche utilisée doit être au service de la réponse aux besoins du client ou de la cliente.

Analyser la demande de services (DDS) 

La DDS doit être en étroite adéquation avec le champ d’exercice de l’ergothérapie. Ainsi, la finalité de la DDS ciblera la réalisation du besoin de la personne présentant un défi occupationnel.

Évaluer les besoins du client

-Choisir les approches théoriques qui guideront l’évaluation

Le choix d’une approche doit être approprié à la problématique du client. Ainsi, une approche de coaching peut répondre complètement, partiellement ou alors ne pas répondre aux besoins occupationnels exprimés. Ainsi, les questions suivantes, inspirées de l’article Offre de services centrée sur une approche unique (OEQ, 2017), permettent d’alimenter la réflexion quant à l’approche envisagée : 

  • Est-elle probante (reconnue scientifiquement, notamment au regard des besoins exprimés et de la clientèle cible)? 
  • Est-elle réaliste dans le contexte de la situation (en regard des facilitateurs/obstacles à son application et des attentes de la clientèle)? Le cas échéant, devrait-elle être utilisée en tant qu’approche unique (OEQ, 2017) ou combinée à une autre approche en vue de répondre à la DDS?

-Recueillir les données pertinentes

Le consentement libre et éclairé doit être obtenu de la part du client ou de la cliente (ou de son représentant légal) avant de recueillir les données, notamment lorsque cette personne n’est pas celle auprès de laquelle les données sont recueillies. Par exemple, dans le cas où la personne présentant un défi occupationnel est un enfant de 14 ans, l’ergothérapeute devrait obtenir son consentement préalablement à une collecte de données auprès du parent pour lequel une approche de coaching est envisagée. L’ergothérapeute détermine de façon juste les données pertinentes à recueillir quant au fonctionnement de la personne qui démontre un défi occupationnel, soit celles relatives : 

  • à ses caractéristiques personnelles, notamment ses aptitudes; 
  • aux particularités du contexte (ex. : environnement physique et social) dans lequel se déroule l’activité ou occupation; 
  • aux particularités de l’activité ou occupation, notamment sa complexité, son orchestration avec d’autres activités et sa familiarité. 

C’est à l’ergothérapeute de déterminer la façon la plus appropriée de recueillir ces données. Ainsi, l’ergothérapeute peut déterminer selon la situation que ce sont l’entrevue, les tests, les mises en situations, les observations dirigées ou spontanées (notamment par vidéo, avec le consentement légal) OU une combinaison de plusieurs de ces méthodes d’évaluation qui s’avèrent les plus appropriées dans la situation. Ainsi, dans la situation initialement décrite où les données sont recueillies en l’absence de la personne présentant le défi occupationnel, l’ergothérapeute peut, selon la situation, juger nécessaire d’ajouter d’autres méthodes afin de compléter son évaluation, notamment l’observation directe. L’ergothérapeute devra donc procéder en ce sens. L’ergothérapeute à qui des limites seraient imposées à cet égard pourrait alors, selon la situation, discuter avec les parties concernées (ex. : demandeur de services, gestionnaire) afin d’abolir ces limites ou, encore, diriger les parties concernées vers des services d’ergothérapie complémentaires. En l’absence de solution, l’ergothérapeute déclinera alors la demande de services.

-Produire le résultat de l’évaluation

L’ergothérapeute a la responsabilité d’établir des liens analytiques justes et pertinents permettant d’analyser l’influence mutuelle des facteurs personnels, environnementaux et occupationnels sur le fonctionnement de la personne dans la réalisation de l’activité ou occupation ciblée. Cette responsabilité ne peut être transférée à un tiers. Or, cela ne signifie nullement que les données servant à produire le résultat de l’évaluation ne peuvent être recueillies via une méthode indirecte, telle l’entrevue auprès de la personne faisant l’objet du coaching. En fait, c’est le jugement clinique de l’ergothérapeute qui permet de déterminer si les données recueillies sont suffisamment fiables pour établir ces liens analytiques.

Élaborer un Plan d’intervention

-Déterminer, en partenariat avec la clientèle, les objectifs d’intervention et les moyens d’intervention à mettre en œuvre pour y répondre

L’objectif général doit être en relation avec la DDS, c’est-à-dire qu’il doit viser la réalisation d’un besoin occupationnel chez la personne démontrant un défi à cet égard, les objectifs spécifiques découlant de l’objectif général. En ce qui a trait aux moyens d’intervention, il importe de distinguer les moyens utilisés par l’ergothérapeute auprès de la personne faisant l’objet du coaching (ex. : développement de connaissances/habiletés/stratégies, renforcement positif…) des stratégies utilisées par celle-ci auprès du client présentant un défi occupationnel.

-Choisir ou confirmer le choix des approches qui guideront l’intervention

Le rationnel qui sous-tend le choix d’une approche d’intervention est identique à celui retrouvé précédemment à la section ci-dessus « Choisir les approches théoriques qui guideront l’évaluation ».

-Préparer la conduite de l’intervention 

Le consentement libre et éclairé doit être obtenu auprès de la personne faisant l’objet du coaching. De surcroît, sur le plan éthique, l’ergothérapeute doit veiller à ce que la personne présentant le défi occupationnel (ou son représentant légal) adhère à l’intervention.

-Mener l’intervention 

En vue d’offrir des services d’ergothérapie adéquats tout au long du continuum d’interventions, il est attendu que l’ergothérapeute soit en mesure d’effectuer les ajustements requis à cet égard selon l’évolution de la situation. Cet ajustement permet notamment d’éviter de multiplier des interventions inutiles [en conformité avec l’article 29 1o ) du Code de déontologie des ergothérapeutes], notamment en l’absence d’une approche qui ne donnerait pas l’effet escompté. Étant donné la nature indirecte des interventions de coaching sur la personne présentant le défi occupationnel, une vigilance particulière peut être requise par l’ergothérapeute, notamment afin de valider que l’approche de coaching demeure pertinente tout au long du continuum d’interventions.

RÉFÉRENCES

  1. Également appelée «approche d’accompagnement». 
  2. Ladite approche est effectuée auprès de la personne qui accompagne l’individu présentant un défi occupationnel. 
  3. Graham, F., Kennedy-Behr, A., Ziviani, J. (2021). Occupational Performance Coaching: A Manual for Practitioners and Researchers. New York : Routledge.
  4. Ce qui n’exclut nullement d’autres situations où, par exemple, le client pourrait être le parent qui expérimente un défi occupationnel lié à son rôle parental et nécessitant une approche de coaching.